Accueil > Rencontres > Rencontres > L’empreinte de l’ours dans l’imaginaire collectif et dans la littérature orale

L’empreinte de l’ours dans l’imaginaire collectif et dans la littérature orale

Le Centre Méditerranéen de Littérature Orale (CMLO), situé à Alès depuis 27 ans, est une structure de formation et de recherche dotée d’un fonds documentaire spécialisé. En conjuguant de façon innovante une approche scientifique (ethno-anthropologique), une pratique artistique et des applications pragmatiques, le CMLO fait de l’interdisciplinarité un élément essentiel de sa démarche. Il cherche à construire une réflexion, à restituer et à partager un savoir avec tous ceux qu’intéresse le patrimoine vivant de la littérature orale (mythe, épopée, légende, conte, etc.).

Pourquoi des rencontres nomades ? Il s’agit d’étendre l’expérience des Rencontres de septembre du CMLO à d’autres partenaires régionaux, en réalisant avec les acteurs locaux (chercheurs, praticiens et artistes) des journées mêlant études et programmation culturelle avec le souci de diffuser les acquis du CMLO dans les départements d’Occitanie.

Programme

L’empreinte de l’ours dans l’imaginaire collectif et dans la littérature orale

En 2022, le Centre Méditerranéen de Littérature Orale (CMLO), en partenariat avec l’Ethnopôle du Garae (Carcassonne) organise à Carcassonne les 2èmes Rencontres Nomades du CMLO le 2 avril 2022. Notre objectif au cours de ces rencontres est d’amener une réflexion sur les représentations de l’ours dans le patrimoine culturel immatériel au niveau régional, national et international.
De l’Occitanie à la Sibérie, vénéré ou diabolisé, l’ours laisse son empreinte dans le patrimoine culturel immatériel des multiples territoires et sociétés dont il a sillonné le sol depuis presque toujours.
De peluche protectrice à prédateur de bétail, la figure de l’ours, dans ses multiples déclinaisons, imprègne l’imaginaire collectif et la littérature orale. La réintroduction des ours dans les Pyrénées a fait émerger des fractures sociétales qui vont bien au-delà de l’animal en lui-même. Il ne s’agit pas ici de se positionner dans une querelle dont certains éléments nous échappent encore mais d’analyser une figure multiforme et récurrente qui se décline selon les contextes et les périodes sous des représentations positives ou négatives. Calypso métamorphosée en ours dans la mythologie grecque, la Grande Ourse brillant dans le firmament de plusieurs peuples, épopée finnoise de Kalevala, hagiographie de Saint Ours d’Aoste, Nanuq, l’ours polaire au centre de l’imaginaire chamanique Inuit,… les transformations de la relation à l’ours sont in fine le reflet des rapports que les hommes tissent avec leur environnement. Au-delà des multiples facettes sous lesquelles il est représenté dans l’art, les récits ou les fêtes, un constant anthropomorphisme fait de l’ours le miroir de l’être humain, duquel il questionne ainsi la composante « sauvage ». Transgresseur symbolique de deux genres à la fois, humain et animal, l’ours par sa duplicité soulève des problématiques sociologiques et culturelles. Il est ici question de l’articulation entre le monde animal et les société – leur représentation, rites, récits –.
Il en découle plusieurs questionnements qui seront réfléchis lors de ces rencontres dans une démarche transdisciplinaire. Dans le sillage de Daniel Fabre et d’autres ethnologues qui ont collecté et analysé les traditions orales, les pratiques sociales, rituelles et festives relatives à l’ours, nous mettrons en lumière des travaux anthropologiques. Une approche historique pourra nous permettre également d’appréhender comment, l’ours « Roi des animaux » est devenu au fil des siècles un « Roi déchu » (Michel Pastoureau, 2007) : des cultes préhistoriques à la diabolisation chrétienne du Moyen Age, jusqu’à l’« adoucissement » récent du nounours proposé à l’imaginaire enfantin. L’étude symbolique, esthétique et littéraire des traditions orales constitue un angle d’approche qui favorise la compréhension des récits et de la figure de l’ours. Elle sera utilement complétée par la démarche spécifique du CMLO qui consiste à marier la réflexion analytique, héritée des méthodologies de sciences sociales et humaines, à la pratique artistique développée par les conteurs contemporains. D’une part, on analysera la relation que l’homme entretient avec l’animal à travers les récits traditionnels, les coutumes, les pratiques sociales, les rituels et les fêtes ; d’autre part on interrogera la pratique des conteurs : comment s’approprient-ils la figure de cet animal-personnage et de son ambivalence ? Plus généralement, on se demandera si les récits oraux contemporains peuvent être porteurs d’une nouvelle façon d’appréhender la relation homme-animal ?
Et nous aborderons aussi d’autres questions que les nombreux invités et participants de ce moment d’échange apporteront avec eux !

Samedi 2 avril 2022

9h Accueil et présentation des Rencontres : Mot de la Présidente de l’Ethnopôle du Garae et Chargée de recherche CNRS, Sylvie Sagnes et Mot de la Vice-Présidente du CMLO, Josiane Mazé

9h30 Conférence  : « Jean de l’ours aujourd’hui approche des diverses études, et appropriations par des artistes et des praticiens du thème de Jean de l’ours. » Marc Aubaret, ethnologue spécialiste de la littérature orale et fondateur du CMLO
Au cours de son intervention, Marc Aubaret se propose de faire un point sur les études et les multiples transmissions de « Jean de l’ours ». Il analyse les interrelations entre les disciplines scientifiques, les procédés artistiques et les diverses pratiques (pédagogiques, psychologiques…) qui s’emparent de cette figure. A partir de cette recherche, il émettra quelques hypothèses sur ce que cerécit dit de notre société d’aujourd’hui.

10h30 Conférence : « Joan de l’ors, un occitan d’ara ; Jean de l’ours, un occitan contemporain »
Alain Rouch, responsable associatif (Institut d’Esudis Occitans), conteur, écrivain, chroniqueur (presse écrite et radio), narrateur (Grop Òc), membre du Conseil d’administration de l’Ethnopôle Garae
L’intervention se propose de faire un tour d’horizon des réalisations artistiques (littéraires, éditoriales, chansons,… ) et autres (économiques, touristiques,…) exprimées en occitan ou sur le territoire occitan (territoire linguistique et non celui de la petite région) mettant en avant non seulement le personnage de Joande l’Ors/Jean de l’Ours, mais aussi plus généralement de l’ours, à la fois source de référence bienveillante et enfantine (Nounours), de question de transmission (mémoire populaire), d’enjeux écologiques (biodiversité) mais aussi élément de conflit (oppositions pastorales).
Ces questions ont été abordées par les diverses publications du conte, ses adaptations, des mises en scène, des airs populaires, des chansons rapprochant la défense de l’ours de la défense de la langue et du pays, jouant sur l’image d’« homme sauvage » de l’animal, version la plus répandue, même si minoritairement des positions contraires sont avancées.
L’ours, sera ainsi envisagé entre le Un còp èra… de références nostalgiques au passé et le Un còp serà…d’un autre rapport possible avec la nature et avec les animaux.

11h45 Conférence : « Pour un Grand Parler sur les traces des ursidés (prolégomènes) »
Elisabeta-Maria Maïlat, anthropologue, écrivain (auteur de nombreux livres publiés en France et ailleurs), réalisatrice de films documentaires, directrice d’ARTEFA (artefa05@gmail.com) est originaire de Transylvanie.
Elisabeta-Maria Maïlat vous propose un itinéraire trans-disciplinaire et transculturel suivant l’ours dans les Pyrénées, les Alpes et les Carpates, ce qu’elle appelle le Grand Parler réunissant trois sortes de traces : I. Si l’ours nous était conté ? Mise en récit des contes, rencontres, traditions, pratiques et images glanés au fil des années en France, Roumanie, Slovénie et Hongrie. II. Et si l’ours nous oblige à penser autrement ? Éclairer nos idées et expériences en résonance avec le peuple des Ursidés. III. Quels changements à venir avec l’ours ? Mise en perspective de l’anthropocène confronté au changement.

14h30 Conférence : « La grande course de l’extraordinaire ours à travers la Russie, l’Eurasie, de l’Ob à l’Aude et vice versa »
Olessia Koudriavtseva-Velmans, Docteur en esthétique, historienne et théoricienne de l’art diplômée de l’Université Paris Ouest
La Russie étendue sur un vaste territoire de l’Eurasie est un pays, qui dans l’imaginaire collectif s’associe souvent à l’ours. Depuis le XVIIIe siècle, les caricatures occidentales représentent l’Empire russe sous les traits de l’animal. Les représentations politiques peu flatteuses et en même temps inscrites quelque part dans l’inconscient commun, sont les représentations poly-sémantiques et hybrides, elles semblent trouver un écho jusqu’au nom de l’héritier de l’Empire Russe qui fut l’URSS. L’État communiste joue le jeu et choisit l’ours pour emblème des premiers jeux olympiques qui se sont tenus sur son territoire, réveillant ainsi la mémoire totémique du pays. La majorité de quelques deux cents peuples établis en Russie européenne et en Sibérie, garde dans ses cultures orales et matérielles, les traces des différents cultes de l’ours, qui précèdent largement l’apparition des monothéismes contemporains.

15h30 Table ronde contée : « comment les conteurs s’approprient-ils la figure de l’ours et son ambivalence ? »

« Peau d’ours » conte et réflexions du travail du conteur sur les symboles Claire Chevalier, conteuse et formatrice CMLO
Un conte de Grimm accompagné de Lyre.
Un jeune homme rescapé de guerre est dans la misère. Après un accord avec le diable, il va marcher pendant 7 années recouvert d’une peau d’ours. S’il réussit l’épreuve de ne jamais retirer cette peau, ni se laver, ni se couper les cheveux, il aura gagné et ne manquera plus jamais de rien…
Claire Chevalier présentera ensuite pourquoi elle a choisi de raconter ce conte et de le transmettre. Elle évoquera ensuite son travail de conteuse et « comment nous sommes un peu, nous conteurs, les « réceptacles » intuitifs de symboles très anciens et puissants » tout en s’appuyant sur la figure de l’ours.

L’ours dans les cultures autochtones de l’Amérique du Nord (en visio depuis le Québec) Claude Hamel, conteuse et réalisatrice de documentaires
L’ours occupe une place centrale dans les contes et les légendes des autochtones de l’Amérique du nord. Sa présence en tant qu’animal totem des Eeyous (Cris) de Waswanipî est au coeur de la présence bienveillante qui accompagne l’être tout au long de sa vie. L’artiste québécoise Claude Hamel vous fera part de la forme particulière que ce totem protecteur revêt chez une artiste Eeyou qui en a fait le centre de sa pratique artistique. Elle présentera également quelques contes et légendes issus des cultures du centre de l’Amérique du Nord.

Inscription

2èmes Rencontres Nomades du CMLO en partenariat avec l’Ethnopôle du Garae

Lieu : Ethnopôle du Garae, Maison des mémoires, 53, rue de Verdun, 11000 Carcassonne

Pour participer aux rencontres, il est obligatoire de s’inscrire avant le 30 mars 2022

Bulletin à renvoyer au

CMLO – Espace André Chamson, 2, boulevard Louis Blanc – 30100 Alès

Tél : 04 66 56 67 69

Courriel : cmlo@wanadoo.fr - Site : www.euroconte.org

Entrée exceptionnellement gratuite sur simple inscription

PASS VACCINAL OBLIGATOIRE (cf à l’évolution des restrictions sanitaires)


Rencontres nomades du CMLO et partenariat avec l’Ethnopôle Garae
Samedi 2 avril 2022 de 9 heures à 17 heures 30
Ethnopôle Garae, 2ème étage de la Maison des mémoires à Carcassonne.
INSCRIPTION OBLIGATOIRE AVANT LE 30 MARS : cmlo@wanadoo.fr - 04 66 56 67 69