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Un écrivain régional ethnographe : Gaston Roupnel (1871-1946) et la Bourgogne

Sociabilité

. Académie des Sciences, Arts et Belles Lettres de Dijon. Elu en 1923, Roupnel fut membre du conseil d’administration et de la commission des publications
. Commission régionale des appellations contrôlées (1936-1937)
. Société de Folklore (fondée en 1929), dont il fut président
. Société des Gens de Lettres de France (membre en janvier 1918)
. Syndicat des viticulteurs de Gevrey-Chambertin (dont il fut président de 1936 à 1938)

Prix et distinctions honorifiques

. 15 juin 1911. Médaille de vermeil de l’Académie des Sciences, Arts et Belles Lettres de Dijon, pour son roman Nono (1910)
. 29 janvier 1927. Chevalier de la Légion d’honneur
. 19 décembre 1927. Prix Maria Star, décerné par la Société des Gens de Lettres de France


Biographie

Louis, Gaston, Félicien Roupnel est né le 23 septembre 1871 à la gare de Laissey, dans le Doubs, et mort le 14 mai 1946 à Gevrey-Chambertin (Côte d’Or), mais laissons lui le soin de se présenter.
Dans une lettre de 1910 adressée à Ernest Charles, directeur littéraire du quotidien l’Excelsior, il écrit :
« Je suis né en Franche-Comté – mais j’ai vécu toute ma vie à Gevrey-Chambertin, près de Dijon. Ma mère et ma sœur sont mortes quand j’avais 11 ans. […] Mon père était un modeste employé de chemin de fer. Malgré la médiocrité de ses ressources, il a pu réussir à me faire donner à ses frais une longue éducation. J’ai été élevé au lycée, puis à la Faculté de Dijon, et enfin à la Sorbonne. J’ai essayé vainement d’être reçu à l’agrégation. Finalement j’y ai renoncé. Néanmoins j’ai pu faire une petite carrière dans l’Université. J’ai été successivement professeur à Saint Etienne, à Epinal, à Douai, au Prytanée militaire de La Flèche, [lycée militaire] à Grenoble et à Dijon. A Grenoble, la bienveillance du recteur et de la Faculté des Lettres m’avait, malgré l’insuffisance de mes titres, ménagé une petite place à la Faculté : le cours public d’histoire du Dauphiné. Le souci de nos petits intérêts nous rappela en Bourgogne. Je me suis marié en effet dans mon village même à Gevrey-Chambertin. […] Et me voici ainsi revenu comme professeur d’histoire dans le lycée où j’ai été élevé et resté définitivement dans ce pays que j’aime. Rien de plus intéressant à vous dire sur moi-même  ».
(Extrait d’un brouillon de lettre cité par Philip Whalen dans Gaston Roupnel : âme paysanne et sciences humaines, Dijon, EUD, 2001, p. 33).

Il déclarait encore :
« Je suis né à Laissey dans le Doubs. Cependant, mon pays c’est Gevrey, où j’ai été élevé, où je me suis marié, où je possède quelques vignes, où l’on m’appelle “le Gaston” ».
(“Quelques propos de Gaston Roupnel”, Le Bien public, 7 janvier 1931, p. 5).

Son père, Auguste Roupnel, attiré par la littérature, aimait écrire et ses carnets de notes qui recèlent une pièce de théâtre (“Double Mariage”), sont conservés dans le fonds Roupnel.
Auguste Roupnel était d’autre part abonné à de nombreuses revues littéraires que son fils conserva précieusement.

Enfant, Gaston Roupnel fréquente l’école communale de Gevrey puis, à l’âge de treize ans, est pensionnaire au lycée de Dijon. Il s’y distingue en philosophie, histoire et français lors de sa dernière année.
En 1891, il s’inscrit à la Faculté des Lettres de Dijon et se passionne pour l’histoire. Sa première année est récompensée par le deuxième prix d’honneur.
Il effectue son service militaire de 1892 à 1893, puis reprend ses études et obtient sa licence en 1894, avec la soutenance d’un mémoire sur Le Régime féodal de Châtillon-sur-Seine qu’il publiera en 1896 dans la Revue bourguignonne de l’enseignement supérieur (n° 6, pp. 167-194).
Suivant le conseil de son professeur préféré, Louis Stouff, enseignant l’histoire des lois et des institutions, il s’inscrit à la préparation de l’agrégation d’histoire et géographie à la Sorbonne.
A Paris, il a pour professeurs les grands noms de l’histoire et de la géographie de l’époque, tels que Ernest Lavisse, Charles Seignobos ou encore Paul Vidal de La Blache.
Candidat à l’agrégation, il échoue à deux reprises à l’oral, en 1898 et 1899, alors que ses résultats à l’écrit sont brillants.

Dès 1899, il débute une carrière de professeur d’histoire dans le secondaire, premiers pas de ce qu’il aimait à appeler son « pèlerinage pédagogique » (Saint-Etienne, Epinal, Douai, La Flèche, Grenoble), « pèlerinage » qui prendra fin au lycée Carnot de Dijon, en 1910.

En 1907, à l’âge de 36 ans, il épouse une fille de vigneron de Gevrey-Chambertin, Suzanne Pauline Bizot, elle a 24 ans. Leur fils unique, Louis (1908-1937) naîtra l’année suivante.


Débuts littéraires

En 1910, Gaston Roupnel publie son premier ouvrage, Nono « roman audacieusement provincial », ainsi que le qualifiait l’écrivain Romain Rolland (1866-1944), qui classe d’emblée son auteur dans la catégorie des “écrivains régionaux”, voire “régionalistes”.
L’historien ardéchois Charles Seignobos (1842-1922), dans une lettre datée du 6 novembre 1918, lui écrira :
« Vous êtes à ma connaissance avec Guillaumin le seul romancier qui ait décrit la paysan par le dedans et représente le sentiment de l’homme du peuple en présence de la société ; et Guillaumin est un paysan ; vous, malgré votre éducation bourgeoise, vous avez su comprendre […] l’irritation sourde et intense du travailleur manuel […]. J’admire en quelle façon l’influence de l’histoire s’est fondue avec votre tempérament pour donner une impression de compassion poétique sans précédent dans la littérature française  ».
(Fonds Roupnel, cité par P. Whalen, 2001, p. 33).

Sélectionné pour le prix Goncourt 1910, en concurrence avec Guillaume Apollinaire et Louis Pergaud, Nono est “recalé”, le Goncourt étant attribué au Franc-comtois Pergaud pour son roman De Goupil à Margot.
En compensation, le 15 juin 1911, l’Académie des Sciences, Arts et Belles Lettres de Dijon remet à l’auteur de Nono “la médaille de vermeil”.
Nono connaît un succès considérable, tout comme Le Vieux Garain publié en 1913.


Gaston Roupnel, chroniqueur de La Dépêche de Toulouse

Roupnel publie son premier article d’histoire en 1915, dans La Grande Revue (n° 432, octobre 1915). Cet article intitulé “Une guerre d’usure : la guerre de Sécession” qui compare la guerre de Sécession et la Première Guerre mondiale, est couronné par le Prix Jean Revel en décembre 1915.
C’est suite à cette « étonnante fortune » que Roupnel se voit confier un poste de chroniqueur à La Dépêche de Toulouse, quotidien fondé en 1870 et surnommé le “journal de la démocratie”, favorable au Parti Radical de l’époque.

Il alimente les pages de La Dépêche de 1916 à 1924, ce qui représente plus de cent articles.


L’universitaire, historien de la Bourgogne rurale

La guerre terminée, Roupnel termine sa thèse sous la direction de Charles Seignobos, thèse de doctorat qu’il soutiendra brillamment à la Sorbonne le 26 avril 1922, sous le titre de : « Les populations de la ville et de la campagne dijonnaise au XVIIe siècle », avec comme thèse complémentaire une bibliographie critique intitulée : « Bibliographie critique : la ville et la campagne au XVIIe siècle ».
Cette thèse sera publiée la même année sous le titre suivant : La Ville et la campagne au XVIIe siècle, avec pour sous-titre : études sur les populations du pays dijonnais (Paris, Ernest Laroux, 1922).
La publication de sa thèse remporte un succès marquant auprès de l’intelligentsia de l’époque.
L’historien Henri Hauser (1866-1946), en fait le compte rendu suivant :
« Jamais groupe de populations françaises n’a bénéficié d’une enquête aussi complète, aussi approfondie, aussi sincère, traduite de manière aussi vivante. Le hasard a bien fait les choses – le hasard, c’est-à-dire la curiosité passionnée de l’auteur pour son coin de terre où il vit ». (C.R. H. Hauser, Revue historique, 142, 1923, p. 254).

Et l’historien Lucien Febvre (1878-1956), co-fondateur avec Marc Bloch (1886-1944) de “l’Ecole des Annales” en 1929, ne tarira pas d’éloges à son sujet, la considérant comme un « modèle d’histoire sociale ».

A l’automne 1922, suite à ce succès notable, Gaston Roupnel est nommé titulaire de la chaire “d’histoire, littérature et patois bourguignons”, à la Faculté des Lettres de Dijon, succédant ainsi à Lucien Febvre, nommé à l’université de Strasbourg en 1919.

Il poursuivra son étude de la France rurale en publiant, en 1932, Histoire de la campagne française, ouvrage exposant une approche nouvelle de l’histoire du monde rural qui transparaît déjà dans les intitulés des dix parties qui le composent :
« Les origines – Les témoignages – La forêt – Les champs – Les chemins – La vigne – Le village – L’extension du système [agricole] – Le régime social – L’âme paysanne (avec I. La vie et l’âme et II. Les croyances ».

Avec cette publication dédiée à la mémoire de ses ancêtres paysans, Roupnel voit grandir sa notoriété (sa dédicace exacte est : « A mon fils, en souvenir de ses pères, paysans de Normandie, du Maine et de Bourgogne »).
Cet ouvrage lui valut de nombreuses critiques favorables, notamment celles du journaliste et érudit dijonnais Michel-Hilaire Clément-Janin (1831-1885), Le Figaro, 3 janvier 1933, du géographe, écrivain de la terre auvergnate Lucien Gachon (1893-1984), dans L’Ecole libératrice (7 janvier 1933) et de Lucien Febvre dans les Annales (n° 6, 1934).

Jean Vigreux analysant la réception de l’Histoire de la campagne française, explique :
« Le père fondateur de l’école des Annales, Lucien Febvre souligne en 1934 l’apport de ce travail en saluant le registre particulier du professeur de l’université de Bourgogne, à la fois historien et romancier. […] L’originalité, c’est d’avoir une vision empruntant à la géographie, à l’ethnologie, aux autres sciences sociales en s’appuyant sur un matériau spécifique pour l’historien : le paysage ». (J. Vigreux, “De l’usage de l’agrarisme de Roupnel : passeur malgré lui ?”, In Le Temps des sciences humaines. Gaston Roupnel et les années trente. Eds. Le Manuscrit, 2006, p. 158).

Lucien Febvre lui rendit par ailleurs, à titre privé, l’hommage suivant :
« Après le très beau livre de mon collègue, ami et co-directeur des Annales, Marc Bloch, si solidement assis sur des bases d’histoire comparée [il s’agit de l’ouvrage intitulé Les Caractères originaux de l’histoire rurale française (1931)] – le vôtre, si sensible, si vivant, si plein d’une expérience incomparable des réalités campagnardes – après le livre d’un homme qui a su lire remarquablement les textes, ce livre d’un homme qui a su lire la terre elle-même […] Votre livre est plein de choses neuves, vivantes et fortes ».
(Lettre de Lucien Febvre à Gaston Roupnel, archives Roupnel, MSH-Dijon. Citation par P. Whalen, 2001, p. 17).

L’avant-propos qu’écrit Roupnel pour son Histoire de la campagne française s’achevait en effet par ces mots :
« Mais pourquoi ne pas l’avouer ?... Je suis redevable moins à une documentation manuscrite ou imprimée quà des observations personnelles. Ce sont trente années d’investigations faites à même le sol qui m’ont procuré la matière essentielle de ces études. Ce sont aussi les lointains souvenirs de la vie, éclairés de la tradition qu’une vieillesse chère a transmise à ma jeunesse, qui ont entretenu à mon insu l’animation et l’émotion de ces pages ».

Gaston Roupnel prend sa retraite universitaire en 1938, pour ses soixante-sept ans, déclinant la promotion d’Officier de la Légion d’honneur que lui proposait le ministre de l’Instruction publique, et retourne s’installer dans sa maison de Gevrey-Chambertin.


Roupnel, écrivain de « l’âme paysanne bourguignonne » et du « vigneron éternel »

Après une quinzaine d’années d’interruption (Nono date de 1910 et Le Vieux Garain de 1913), Gaston Roupnel reprend le chemin de l’écriture littéraire et publie, en 1927, un recueil de nouvelles intitulé Hé ! Vivant ! (Paris, Stock), auquel Jean Charles-Brun (1870-1946), “l’apôtre du régionalisme”, consacrera un article élogieux (“Hé ! Vivant ! par Gaston Roupnel”, Le Quotidien, 23 septembre 1927).
Comme le souligne Marion Demossier, « Contrairement à beaucoup d’écrivains régionalistes qui s’adonnent à la publication de données folkloriques ainsi qu’au lancement de fêtes et musées surtout pendant la première moitié du XXe siècle, Roupnel se cantonnera aux romans populaires et à l’histoire […] Autre trait spécifique à l’œuvre de Roupnel, c’est que malgré le fait qu’il s’inscrit dans une filiation littéraire précise – de Jacquou le Croquant (Le Roy) à La Vie d’un simple (Guillaumin) – sa position d’écrivain régional ethnographe est quelque peu originale. La plupart des romans régionaux mettent en scène un monde rural où « Les notations de type ethnographique sont nombreuses et la prose régionaliste fournit un riche florilège des grands moments de la vie rurale : mise à mort du cochon, battages, moissons, charivaris, etc. » [A.-M. Thiesse, Ecrire la France, PUF, 1991, p. 192] ce qui n’est pas le cas dans les fictions de Roupnel qui intègrent très habilement une réflexion ethnologique à la narration littéraire ».
(M. Demossier, “Entre littérature et objet ethnologique, « Nono » ou la construction du vigneron comme archétype de la culture locale”. In Le Temps des sciences humaines. Gaston Roupnel et les années trente, Eds. Le Manuscrit, 2006, pp. 180-181).


Gaston Roupnel philosophe

En 1927, Roupnel publie chez Grasset son premier ouvrage philosophique, un traité intitulé Siloë, qu’il dédie à sa défunte soeur, Bathilde, de 10 ans son aînée, elle meurt dans sa vingt-deuxième année, Roupnel n’a donc que douze ans.
Gaston Bachelard (1884-1962) dans L’Intuition de l’instant, sous-titré à l’origine : « étude sur la “Siloë” de Gaston Roupnel » (Paris, Stock, 1932), déclarait à son propos : « Siloë est une leçon de solitude ».
Roupnel rééditera Siloë en 1945, sous le titre de La Nouvelle Siloë, dédié cette fois et à sa sœur défunte et à son fils disparu qui se suicide en 1937, le jour de ses 29 ans.
« Il purgea sa première Siloë de ses idées théosophiques et de sa dimension panthéiste en remplaçant son monisme antérieur par une théologie chrétienne » (P. Whalen, 2001, p. 63).

Dans une interview datée hiver 45-46, Roupnel expose les différences entre les deux textes de la manière suivante :
« Cette reprise ne fut pas un raccommodage. J’ai en effet remanié et refondu entièrement mon ancien livre. J’en ai même modifié l’esprit. Je n’ai pas craint de mettre au contact de tout le Credo chrétien cet effort de spiritualité, persuadé qu’il n’est rien dans la recherche scientifique dont se doive préserver la foi chrétienne. Dieu n’est pas loin de son univers physique. Mais il l’emplit de la même grande âme dont nous sentons en nous le reflet meurtri qu’assombrit l’obscure condition humaine ».
(Interview de Gaston Roupnel / Jean-Jacques Brousson. Archives Roupnel, MSH-Dijon. Citation par P. Whalen, 2001, p. 63).

A la fin de sa vie, la pensée de Roupnel est fortement influencée par les écrits du père jésuite Teilhard de Chardin (1881-1955).
Dans La Nouvelle Siloë, il déclare : « Il m’a été permis de prendre connaissance des manuscrits du Père Teilhard de Chardin. Cette haute pensée a exercé sur moi une influence dont on trouvera plus d’une fois le témoignage dans le présent ouvrage » (La Nouvelle Siloë, Grasset, 1945, p. 19).


Son dernier livre : Histoire et destin

A la fin de sa vie, Gaston Roupnel rédige Histoire et destin, ouvrage publié au printemps 1943, qui tente « la difficile synthèse de rejoindre ensemble des temps différents, d’en concilier les explications distinctes et d’en réaliser une sorte d’harmonie qui aurait voulu donner à toute l’histoire son sens et sa valeur  »
(Interview de G. Roupnel / J.-J. Brousson, fonds Roupnel, MSH Dijon. Citation P. Whalen, 2001, p. 60).

Dans une lettre au jeune historien Fernand Braudel (1902-1985), Gaston Roupnel en décrit la genèse :
« C’est dans les premiers jours de juillet 1940 que j’avais commencé d’écrire. Ce travail, me faisait oublier. Puis la lassitude est venue, le découragement s’est emparé de moi. Et la première partie écrite, j’en suis resté là de l’automne 40 à l’été 41 […] L’entrée en guerre de la Russie m’a soudain rendu l’espérance. Le miracle attendu était venu. Et c’est un tout autre homme qui écrit la seconde et la troisième partie du livre ». (Lettre (extraits) datée de 1944, publiée par Lucien Febvre dans Les Annales (octobre-décembre 1947, pp. 480-481).

Dans cet ouvrage de plus de 400 pages, l’auteur dénonce l’histoire universitaire, exalte la “civilisation paysanne”, et prône le retour à la terre… Thèmes qui malheureusement sont en concordance avec l’idéologie du régime de Vichy et de sa Révolution nationale. Mais comme le démontre Jean Vigreux (2006, p. 160-161) :
« […] toute la littérature régionaliste et ruraliste est confisquée par Vichy […] Gaston Roupnel n’échappe pas à la règle. D’abord, soulignons la réédition de l’Histoire de la campagne française concomitante avec celle d’Histoire et destin en 1943 chez Grasset ; éditeur qui à l’époque s’est illustré pour son accommodement, voire son zèle, avec l’Occupant et Vichy.
Il est alors « instrumentalisé » par le pouvoir en place. L’usage de son œuvre devient véritablement une référence incontournable du programme ruraliste de la Révolution nationale
 ».
Ajoutons que le nom de Gaston Roupnel figure dans la composition du jury du prix littéraire Sully-Olivier de Serres, prix fondé en 1942 par le régime de Vichy dans le but d’« encourager, soutenir et récompenser la littérature consacrée à la vie paysanne ». (Voir A.-M. Thiesse, “Le prix pétainiste : le prix Sully”. In : Ecrire la France, PUF, 1991, pp. 280 et suivantes).


Oublié de l’histoire et de la littérature

Ses compromissions avec la politique culturelle du régime de Vichy, peut pour partie expliquer l’oubli dans lequel fut plongé, après-guerre, l’historien et l’écrivain Gaston Roupnel … Jusqu’à la redécouverte en 1974 de l’Histoire de la campagne française, publiée par Jean Malaurie dans la collection Terre Humaine qui, déclare-t-il dans la postface, « s’honore en publiant cet ouvrage tout à la fois pionnier et classique ».
Outre le texte de J. Malaurie, la postface de cette réédition offre des « Entretiens et témoignages » de Gaston Bachelard, Emmanuel Le Roy Ladurie, Pierre Chaunu et Paul Adam.

Quant à Roupnel écrivain régionaliste, « son étoile brille très faiblement depuis le milieu des années 70, confronté au succès croissant, à la fois littéraire et médiatique, d’Henri Vincenot ». (Philippe Poirrier, “La postérité historienne d’Histoire et destin de Gaston Roupnel”, in : Le Temps des sciences humaines. Gaston Roupnel et les années trente, 2006, p. 256.



Principales publications de Gaston Roupnel

1896. “Le régime féodal dans le bourg de Châtillon-sur-Seine”. Revue bourguignonne de l’enseignement supérieur, N° 6, pp. 167-194

1910. Nono. Paris, Plon

1913. Le Vieux Garain. Paris, Charpentier (Fasquelle) ; Grasset, 1939

1922. La Ville et la campagne au XVIIe siècle : études sur les populations du pays dijonnais. Paris, éds. Ernest Leroux. [Thèse de doctorat]

1927. Hé ! Vivant ! Paris Stock, 1927

1931. “Préface” à l’ouvrage de Camille Rodier, Le Clos de Vougeot. Dijon, L. Venot

1932. Histoire de la campagne française. Paris, Grasset. Régulièrement réédité chez Grasset d’abord, puis chez Plon (coll. Terre Humaine) en 1974, 1981, 1989 ; puis aux éditions Pocket (Terre Humaine / Poche) en 1999.

1936. La Bourgogne, types et coutumes. Paris, Horizons de France

1936. Art bourguignon et Bourgogne. Paris, Galerie Jean-Charpentier [catalogue d’exposition]

1936. “Louis Stouff (1859-1936)”, Annales de Bourgogne, n° 8



Les archives Gaston Roupnel

- Académie des Sciences, Arts et Belles Lettres de Dijon
Cote ms 2824. Manuscrit de Nono

- Archives nationales
Série F17 / 24698. Dossier d’enseignant

- Archives nationales – site de Fontainebleau
Cote 19800035/1393/60951. Dossier Légion d’honneur

- Maison des Sciences de l’Homme à Dijon
29 boîtes archives composent le Fonds Gaston Roupnel à la MSH, côtées R1 à R27 et B01 et B02, le fonds Roupnel est classé en « archives personnelles, professionnelles et de recherche » et leur consultation est soumise à l’autorisation du dépositaire.

- Société des Gens de Lettres
“Dossier Roupnel”



Bibliographie indicative sur Gaston Roupnel

Bernhardt, Magda. Gaston Roupnel und Burgund. Würzburg, Phil. Diss., 24. Okt. 1934 [Thèse de littérature]

Bleton-Ruget, Annie et Poirrier, Philippe (dirs.). Le Temps des sciences humaines. Gaston Roupnel et les années trente. Paris, éds. Le Manuscrit, 2006, 278p. (Colloque MSH Dijon, décembre 2001)

Bouchard, Marcel. “La vie et l’œuvre de Gaston Roupnel”. In : Hommage à Gaston Roupnel, 1871-1946. Mémoires de l’Académie des Sciences, Arts et Belles Lettres de Dijon, tome CXX, 1973, pp. 11-48

Brun, Jean. “La philosophie de Gaston Roupnel”. In : Hommage à Gaston Roupnel, 1871-1946. Mémoires de l’Académie des Sciences, Arts et Belles Lettres de Dijon, tome CXX, 1973, pp. 70-81

Champeaux, Ernest. “Gaston Roupnel, Histoire de la campagne française”. Revue historique de droit, n° 12, 1933

Demossier, Marion. “Entre littérature et objet ethnologique, « Nono » ou la construction du vigneron comme archétype de la culture locale”. In : Bleton-Ruget, Annie et Poirrier, Philippe (dirs.). Le Temps des sciences humaines. Gaston Roupnel et les années trente. Paris, éds. Le Manuscrit, 2006, 278p. (Colloque MSH Dijon, décembre 2001), pp. 173-198

Hommage à Gaston Roupnel, 1871-1946. Mémoires de l’Académie des Sciences, Arts et Belles Lettres de Dijon, tome CXX, 1973, 81p.

Laferté, Gilles. “Le marché secondaire des postes universitaires : Gaston Roupnel ou les contraintes du recrutement local dans l’entre-deux-guerres”. In : Bleton-Ruget, Annie et Poirrier, Philippe (dirs.). Le Temps des sciences humaines. Gaston Roupnel et les années trente. Paris, éds. Le Manuscrit, 2006, 278p. (Colloque MSH Dijon, décembre 2001), pp. 199-219

Pagot-Monnin, Simone. “Roupnel romancier”. In : Hommage à Gaston Roupnel, 1871-1946. Mémoires de l’Académie des Sciences, Arts et Belles Lettres de Dijon, tome CXX, 1973, pp. 56-69

Poirrier, Philippe. “L’oubli historiographique : la postérité historienne d’Histoire et destin de Gaston Roupnel”. In : Bleton-Ruget, Annie et Poirrier, Philippe (dirs.). Le Temps des sciences humaines. Gaston Roupnel et les années trente. Paris, éds. Le Manuscrit, 2006, 278p. (Colloque MSH Dijon, décembre 2001), pp. 237-256

Richard, Jean. “Gaston Roupnel historien”. In : Hommage à Gaston Roupnel, 1871-1946. Mémoires de l’Académie des Sciences, Arts et Belles Lettres de Dijon, tome CXX, 1973, pp. 49-55

Saint-Jacob, Pierre de. “Notice nécrologique, Gaston Roupnel, 1871-1946”. Annales de Bourgogne, n° 18, 1946, p. 226-233

Vigreux, Jean. “De l’usage de l’agrarisme de Roupnel : Passeur malgré lui ?”. In : Bleton-Ruget, Annie et Poirrier, Philippe (dirs.). Le Temps des sciences humaines. Gaston Roupnel et les années trente. Paris, éds. Le Manuscrit, 2006, 278p. (Colloque MSH Dijon, décembre 2001), pp. 151-171

Whalen, Philip. Gaston Roupnel : âme paysanne et sciences humaines. Dijon, EUD, 2001, 202p. (Sociétés). Traduit de l’anglais par Floriane Reviron. (Version remaniée du Ph. D. d’Histoire : “Life and Works of Gaston Roupnel”, University of California at Santa Cruz, 17 mars 2000, 553f.).

Whalen, Philip. “Le Régionalisme de Gaston Roupnel, 1931-1945”. In : Bleton-Ruget, Annie et Poirrier, Philippe (dirs.). Le Temps des sciences humaines. Gaston Roupnel et les années trente. Paris, éds. Le Manuscrit, 2006, 278p. (Colloque MSH Dijon, décembre 2001), pp. 55-85

Wunenburger, Jean-Jacques. “Gaston Roupnel et le paysage : imaginaire et rationalité”. In : Bleton-Ruget, Annie et Poirrier, Philippe (dirs.). Le Temps des sciences humaines. Gaston Roupnel et les années trente. Paris, éds. Le Manuscrit, 2006, 278p. (Colloque MSH Dijon, décembre 2001), pp. 221-236



Pour en savoir plus…

Cornu, Pierre. “Sur l’ « âme » des sciences humaines. Réponse au Gaston Roupnel de Philip Whalen”. Ruralia, 2001/09. Varia

Whalen, Philip. “La mise en lumière des travaux de Gaston Roupnel (1871-1946)”. Ruralia, 2001/08. Varia.




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Auteur
Florence Galli-Dupis
Ingénieur d’études CNRS
IIAC-LAHIC (UMR 8177)
2011


Historien, philosophe, écrivain régionaliste et négociant en vin : Gaston Roupnel, entre histoire rurale et littérature régionaliste.


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