Pech Maho, site archéologique



Le site de Pech Maho (Sigean, Aude) constitue l’un des gisements majeurs de la Protohistoire du Midi de la Gaule. Occupé entre le milieu du VIe et l’extrême fin du IIIème siècle avant notre ère, ce petit habitat littoral implantée en bordure des étangs de Bages-Sigean a fonctionné durant plus de trois siècles comme une place de commerce fréquentée par les navigateurs méditerranéens, notamment Grecs et Etrusques. Véritable « emporion » au sens que lui donnaient les Grecs anciens (terme que l’on peut traduire par « comptoir »), Pech Maho constitue un gisement de référence pour l’étude des mécanismes de l’échange en Méditerranée à l’Âge du Fer. Site atypique sur bien des plans, Pech Maho a fait l’objet de fouilles continues entre la fin des années 50 et la fin des années 70 sous l’impulsion d’Yves Solier (CNRS). Ces travaux qui ont mis au jour une portion non négligeable de l’habitat et de la fortification ont fixé durant longtemps le cadre de nos connaissances, mettant notamment en lumière les grandes phases de l’évolution du site, trois grandes périodes d’occupation étant alors reconnues. Le site est brutalement détruit dans le dernier quart du IIIème siècle avant notre ère. En témoignent à la fois des traces de combat, ainsi que l’incendie qui affecte de nombreux bâtiments, le plus souvent effondrés au même titre qu’une partie de la fortification. Des traces de pillage émaillent cet épisode violent et semblaient, jusqu’à il y a peu, marquer la fin définitive de l’occupation, tandis que des restes d’équidés ainsi que de l’armement étaient interprétés comme la trace explicite de cet épisode guerrier. Un bûcher collectif, érigé sur les ruines, a en outre accueilli plusieurs individus, que l’on suppose avoir été tués au moment des combats. Les fouilles récentes, entreprises depuis 2004 sous la direction d’Eric Gailledrat (CNRS) ont permis de poser de nouveaux questionnements, liés en particulier à la fin tragique de Pech Maho. Il apparaît notamment que cette séquence de destruction s’avère plus complexe que ce qui était envisagé à l’époque par Yves Solier. Il est désormais acquis que, peu de temps après cet épisode, ont été pratiqués sur le site un certain nombre de rites de célébration liés au monde guerrier, dont le bûcher collectif évoqué précédemment constitue le point d’orgue.










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Orientation Bibliographique

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Pour en savoir plus :

Eric Gailledrat est chargé de recherche à l’Unité Mixte de Recherche 5140 du CNRS « Archéologie des Sociétés Méditerranéennes » (Montpellier-Lattes). Spécialiste de l’âge du Fer ibérique, ses thèmes de recherche concernent plus particulièrement les relations entre cultures indigènes et méditerranéennes. Responsable des fouilles de Pech Maho, il codirige également la fouille de Lattara (Lattes, Hérault), après avoir mené des recherches à Mailhac (Aude) ainsi qu’en Espagne. Chargé de recherche 1ère classe, CNRS, affectation UMR 5140 (Montpellier-Lattes) « Archéologie des Sociétés méditerranéennes ». Arrêté de nomination n°13 de la décision n°1502868 (à01/10/2001) Ancien membre de l’École des Hautes Études Hispaniques (Casa de Velázquez, Madrid). Directeur adjoint de l’UMR 5140 « Archéologie des Sociétés Méditerranéennes » (Montpellier-Lattes). Membre du Comité National de la Recherche Archéologique (CNRA). Membre de la Commission Interrégionale pour la recherche Archéologique (Sud-Ouest). Doctorat en Archéologie. « Les Ibères, en Catalogne et Languedoc-Roussillon (VIe - IVe siècles av. J.- C.). Échanges et modèles culturels », (Université de Paris I, 1996), Préparation d’une Habilitation à Diriger des Recherches sur le thème « Colons et indigènes en Méditerranée occidentale à l’âge du Fer ». Direction de la fouille programmée du site de Pech Maho (Sigean, Aude). Codirection de la fouille programmée du site de Lattara (Lattes, Hérault) (dir. T. Janin, CNRS).


Conférence d’Eric Gailledrat
Vendredi 18 novembre 2011 à 18 h.
SALLE GASTON DEFERRE CONSEIL GENERAL DE L’AUDE
Carcassonne.