Mœurs en images

En 1997 un travail collectif a été lancé dans le cadre de l’ethnopôle sur le dessin ethnographique. Une première semaine de séminaire et une exposition itinérante ont permis de parcourir un champ très vaste et singulièrement négligé. En effet, alors qu’abondent les inventaires et les analyses sur la photographie et le cinéma documentaires puis ethnologiques, le dessin et la peinture, qui ont été pendant des siècles les seuls instruments capables de fixer l’image des comportements humains, ont été oubliés ou bien seulement interrogés selon les grilles de l’histoire de l’art. Au cours des quatre dernières années le séminaire mensuel de l’ethnopôle est revenu plusieurs fois sur ce champ de recherche dans la perspective d’une exposition nationale, qui produirait la synthèse du travail collectif. A l’occasion d’une recherche sur Gaston Vuillier, peintre voyageur et reporter, un approfondissement de ce domaine a été proposé. En mai 2001, une journée de séminaire pilotée par Dominique Serena (conservateur des musées des Bouches du Rhône) et Daniel Fabre, a abouti à un ensemble de propositions qui cernent mieux la catégorie de "dessin ethnographique". En effet, cette étiquette ne recouvre rien qui corresponde à un ensemble identifié soit dans les termes de l’histoire de l’art et la muséographie (par exemple "dessin de genre") soit dans les termes des spécialités techniques (par exemple "dessin d’architecture"). Le "dessin ethnographique" est, en effet, une construction selon des critères savants contemporains, largement implicites et qu’il convenait de préciser pour engager la collaboration avec les différents musées qui ont accepté de collaborer à cette exposition générale.
La réflexion a abouti à une définition plus serrée des dessins du passé que nous qualifierons de "dessins ethnographiques". Celle-ci tourne autour de la notion de "série", c’est-à-dire d’ensemble correspondant à une volonté de description méthodique d’une situation, d’une activité, d’une localité. Cette description est saisie dans l’unité d’un regard et d’un style graphique, en ce sens la centralité de l’auteur - fût-il anonyme - est déterminante au point qu’un des participants au séminaire a proposé l’expression "dessins de vie", comme on dit "histoire de vie", pour désigner ce type de réalisation. Ainsi, avant même que n’émerge le souci d’une description éclairante de la réalité sociale, des entreprises singulières ont utilisé le dessin et la couleur pour saisir des situations et des espaces sociaux comme des totalités signifiantes. Bien évidemment cette définition est encore trop générale, il convient donc de la mettre à l’épreuve.

Programme

Lundi 8 Décembre

Introduction Daniel Fabre

AUJOURD’HUI,
LIEUX DE RESISTANCE DU DESSIN

Où le dessin résiste : le tribunal et la fouille
Daniel Fabre

Les dessins de bistro de Christian Ségaud
Bernard Clément

DESSIN DOCUMENTAIRE
Le dessin expression de soi et de l’autre

Les croyances par Gaston Vuillier
Jean Pierre Piniès

Méheut dessinateur des mœurs bretonnes
Denise Delouche

Mardi 9 Décembre

Le dessin paysage extérieur

L’expérience de la guerre
Evelyne Desbois

Dessins du bagne
Claire Jacquelin

Dessiner la mine
Claudie Voisenat

Le dessin encyclopédie

Encyclopédie dessinée :
Le Lauragais de Paul Sibra (1889-1951)
Le Gabon de Fernand Grébert (1886- 1956)
Florence Galli Dupis

LE DESSIN CONQUETE DU MONDE

Dessiner le nouveau monde
Jean Paul Duviols

Je me souviens : des images dans la mémoire
Daniel Fabre

Mercredi 10 Décembre

LE DESSIN EMBLEMATIQUE

L’Angélus de Millet
Frédéric Maguet

L’Arlésienne de Léo Lelée
Dominique Serena