Le récit de vie et son modèle - Mémoire d’un languedocien ordinaire Pierre Prion.

Peut-on mettre par écrit sa propre vie sans avoir déjà lu au moins une autobiographie qui serve de modèle ou de repoussoir ? A lire tous les grands auteurs de mémoires - avant et après Jean-Jacques Rousseau - la réponse est non. Pourtant, ici et là en Europe à partir du XVIIème siècle, des artisans, des paysans ou de modestes employés, tous autodidactes, se mettent à raconter leur vie sans avoir jamais lu une autobiographie. Ils prennent l’écriture comme on prend la parole et ils l’utilisent pour dire leur propre singularité. Comment est-ce possible ?
Daniel Fabre tentera de répondre à cette question à partir des manuscrits laissés par Pierre Prion (1687-1759). Fils de paysans du Rouergue, devenu scribe au château d’Aubais, en Languedoc oriental, celui-ci a laissé un journal et des mémoires - redécouverts et en partie publiés par O Ranum et E Le Roy Ladurie - qui ouvrent des perspectives fascinantes sur les primitifs de l’autobiographie.