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Pierre et Maria Sire

Pierre Sire était un instituteur. Issu d’une modeste famille de vignerons coursannais, il fit ses études primaires supérieures à Limoux avant d’entrer à l’Ecole Normale de Carcassonne : comme d’autres normaliens, il joue si bien au rugby qu’il devient le trois-quart aile de la première Association Sportive carcassonnaise. En 1912 - 1913 il remplace son ami Jean Camp au Collège français de Madrid avant d’être pris par la guerre qu’il vécut comme lieutenant d’infanterie. Mais, entre temps, il a épousé Maria, institutrice comme lui. La carrière qui s’égrène après son retour n’a rien d’exceptionnel : poste double à La Nouvelle puis à Cailhau, il finira professeur de 7ème au Petit Lycée de Carcassonne, indice d’une académie reconnaissante, tandis que Maria devient, à la Cité, directrice d’école. Très tôt, Pierre Sire fut attiré par la vie intellectuelle, l’éphémère Cri de Saint Pierre fondé avec J. Camp au sortir de l’adolescence préludait à une œuvre écrite à deux voix - « Pierre et Maria Sire » fut pendant vingt ans l’unique signature - dont nous retiendrons trois romans (L’homme à la poupée : 1931, Le Clamadou : 1935, Marthe et le village : 1955) qui conduisent l’analyse psychologique d’une crise personnelle sur un fond de réalisme rural finement observé, aux antipodes de la nostalgie régionaliste et félibréenne. Car les Sire appartinrent très tôt, par leur attachement à Claude Louis Estève, Joë Bousquet, René Nelli ou Ferdinand Alquié, à ce monde de la pensée et de l’écriture si vivant et si neuf dans le Carcassonne des années 1920 - 1950. Aussi les retrouvons-nous au cœur de toutes les entreprises communes : Les Amis de Montségur qui restaurent vers 1935 un catharisme philosophique et imaginaire, le groupe qui fonde en 1938 Folklore, la revue d’ethnographie, celui qui, en pleine guerre, rédige pour les Cahiers du Sud, « Le Génie d’oc et l’homme méditerranéen » (1943). On montait "chez les Sire" pour se retrouver dans la maison qui au cœur de la Cité fait face au château des comtes. Aussi, en 1945, alors même que tous les espoirs de renouveau semblaient enfin rencontrer le réel, le Comité des intellectuels de l’Aude, issu de la Résistance, prit corps autour d’un ami disparu, unanime à rappeler « l’accueil de son regard et le rayonnement de sa pensée souvent timide et silencieuse » (René Nelli). Jean Ballard, Pierre Sire, Gabriel Bertin, René Nelli et Maria Sire à Carcassonne.